La descente aux enfers du transport de marchandises

La politique ferroviaire du gouvernement est un échec tant du point de vue financier qu'environnemental.

 

PHL - L’Humanité Vendredi 29 Janvier 2010

 

En huit ans, le volume de marchandises transpor­tées par Fret SNCF a été divisé par plus de deux. En 2000, la branche avait transporté 56 milliards de tonnes par kilomètre. En 2008, ce volume est tombé à 26 milliards de tonnes par kilomètre. Cet effondrement est le produit de différents choix politiques tous opérés depuis le retour de la droite au pouvoir en 2002. Sous le gouvernement de la gauche plurielle de Lionel Jospin, le ministre PCF des Transports, Jean-Claude Gayssot, avait fixé pour objectif d'atteindre les 100 milliards de tonnes par kilomètre en 2010. Dès l'élection de Jacques Chirac, la nouvelle majorité décide d'y mettre fin. L'entreprise publique doit alors désormais se tourner vers une politique de marge et préparer l'ouverture a la concurrence du fret ferroviaire décidée par la Commission européenne avec l'aval du Parlement européen et des Etats membres. En guise de «préparation», il s'agit surtout de faire de la place aux nouveaux opérateurs comme Veolia ou la Deutsche Bahn en leur libérant des marchés. «Le plan d'adaptation» concocté par la direction de la SNCF et le gouvernement, et validé par la Commission européenne, oblige alors «noir sur blanc» l'entre­prise à «réduire ses capacités».

 

Depuis 2003, plus de dix mille emplois auront été ainsi supprimés, plusieurs triages fermés et des centaines de dessertes abandonnées tandis que 500 gares seront fermées au fret dit du wagon isolé. Oeuvrant désormais dans un secteur concurrentiel, Fret SNCF abandonne ses missions de service public et se lance dans une course a la rentabilité qui échouera. En 2009, les pertes ont atteint 434 millions d'eu­ros alors qu'elles n'étaient que de 80 millions en 2000 pour plus du doublé de marchan­dises transportees. Du point de vue environnemental, le re­sultat est tout aussi calamiteux. Malgré les promesses du presi­dent de la République, Nicolas Sarkozy, de faire passer en trois ans la part de marché du ferro­viaire dans le fret a 30 %, celle-ci a régressé passant de 14 % a 11 % entre 2006 et 2008.