Paris
et Rome proches d'un accord sur la liaison Lyon-Turin
LE MONDE | 04.05.04 | 18h20
La visite à Paris de Silvio
Berlusconi, mercredi, devrait faire avancer ce grand projet ferroviaire.
Turin de notre envoyé spécial
La visite que doit effectuer Silvio Berlusconi à Paris, mercredi
5 mai, devrait marquer une étape décisive pour la liaison
ferroviaire à grande vitesse entre Lyon et Turin. Ce projet, inscrit
dans le traité franco-italien du 29 janvier 2001, sera l'un des
principaux dossiers abordés au cours de l'entretien, puis du déjeuner
de travail que le chef du gouvernement italien doit avoir avec Jean-Pierre
Raffarin.
Après bien des atermoiements, les deux parties n'ont jamais été
aussi proches d'un accord sur le financement de cette ligne, dont le coût
global est estimé à 15,2 milliards d'euros. Ces derniers
jours, les négociations conduites par un groupe de quatre experts
des deux pays se sont accélérées.
Face aux réticences françaises, en particulier de Bercy,
les Italiens auraient accepté de financer près des deux
tiers des 6,7 milliards de la section internationale, alors même
que les deux tiers de la dépense concernent le tracé en
territoire français.
Cette partie transfrontalière - la plus technique et la plus coûteuse
- nécessite notamment le percement d'un tunnel de 52 km, en deux
galeries séparées. "Les Italiens ont compris qu'ils
devaient nous aider", expliquait un responsable français,
en marge du premier Forum de dialogue franco-italien organisé à
Turin les 29 et 30 avril.
En ouvrant cette manifestation, Michel Barnier, ministre des affaires
étrangères et ancien élu de Rhône-Alpes, a
évoqué "la nécessité d'un partage équitable
du fardeau financier". La ligne est prioritaire pour le désenclavement
Est-Ouest de l'Italie. Elle l'est moins pour la France. "C'est le
maillon le plus important du Couloir 5, cet axe qui doit relier à
terme Lisbonne à Kiev, via Trieste et Ljubljana", a rappelé
Sergio Pininfarina, le président de la Commission intergouvernementale
créée en 2001.
Selon lui, une fois déduites la contribution de Bruxelles (20 %
du coût de la section transfrontalière) et les participations
de capitaux privés (estimées à 30 %), il ne resterait
que 9 milliards d'euros à financer. La discussion n'achopperait
que sur une somme égale à 3 % du coût total. "Je
ne peux pas croire qu'un investissement de cette taille puisse faire peur
à nos deux grands pays", a-t-il plaidé.
Plusieurs participants français à ces rencontres ont douché
son optimisme. "La clé de répartition sur la partie
internationale est trouvée, mais cela ne règle pas l'ensemble
du financement", a objecté Francis Mayer, directeur général
de la Caisse des dépôts et consignations, rappelant que les
deux pays connaissent un lourd déficit budgétaire et qu'ils
devront arbitrer "contre d'autres dépenses, parfois aussi
stratégiques".
La France n'a pas choisi entre ses divers projets d'infrastructures, et
le gouvernement Berlusconi affiche tout un programme de grands travaux.
Il vient de signer, le 30 avril, un accord avec l'Autriche pour le percement
d'un tunnel ferroviaire de 56 km sous le Brenner - un chantier de 4,5
milliards d'euros.
"MESURES COERCITIVES"
"Je ne crois pas aux 30 % de financement privé", a surenchéri
Louis Gallois. Pour le président de la SNCF, "les banques
ont fait des prévisions de péage qu'aucune compagnie ferroviaire
ne paiera." Si le péage du tunnel n'est pas réaliste,
il avertit : "Nous continuerons à passer par le Mont-Cenis,
dont la capacité est de 20 millions de tonnes par an, soit le double
du fret qui y transite pour le moment." Actuellement, 40 millions
de tonnes de marchandises traversent les Alpes chaque année, 10
millions par le fer et 30 millions par la route.
Sur les 70 millions de tonnes estimées pour 2020, la ligne ferroviaire
Lyon-Turin devrait en absorber 40 millions. "A condition que le report
modal se fasse bien, précise Noël de Saint-Pulgent, l'un des
membres de la Commission intergouvernementale. Or le transfert de la route
au rail ne se fera pas naturellement, il faudra prendre des mesures coercitives
contre les poids lourds."
Cet inspecteur des finances, cosignataire, début 2003, d'un audit
au gouvernement qui avait catalogué le projet Lyon-Turin comme
"trop coûteux, non prioritaire", a mis ses interlocuteurs
italiens en garde contre le syndrome Eurotunnel : "Les travaux ont
coûté deux fois plus cher que prévu et le trafic est
deux fois moindre."
Les Italiens persistent à croire au début des travaux en
2006 pour une livraison en 2 015. Sergio Pininfarina aurait aimé
qu'un projet d'accord financier soit paraphé lors de la rencontre
des deux premiers ministres, mercredi à Paris. Ou bien, concède-t-il,
"au plus tard pour le sommet franco-italien de début juillet".
Resterait à la société binationale Lyon-Turin Ferroviaire
(LTF), créée fin 2003, à affronter les nombreuses
difficultés techniques du chantier. Ainsi que l'opposition farouche,
et grandissante, des écologistes sur le versant italien.
Jean-Jacques Bozonnet
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 05.05.04
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Parigi
e Roma vicini ad un accordo sulla linea LIONE-TORINO
(Le Monde 04.05.04 - 18h20)
La visita a Parigi di Silvio Berlusconi, mercoledì
5 maggio, dovrebbe segnare una tappa decisiva per la linea ferroviaria
ad alta velocità tra Lione e Torino. Questo progetto, inserito
nel trattato franco-italiano del 20 gennaio 2001, sarà uno dei
principali argomenti affrontati nel corso dell'incontro. e poi della colazione
di lavoro che il capo del governo italiano deve avere con Jean Pierre
Raffarin.
Dopo molti indugi, le due parti non sono mai state così vicine
ad un accordo sui finanziamenti di questa linea, di cui il costo globale
è stimato sui 15,2 miliardi di euro. In questi ultimi giorni si
sono accelerati i negoziati condotti da un gruppo di quattro esperti dei
due paesi.
Di fronte alle reticenze francesi, in particolare di Bercy, gli italiani
avrebbero accettato di finanziare pressoché i due terzi del 6,7
miliardi della sezione internazionale, benché i due terzi della
spesa concernino il tracciato in territorio francese.
Questa parte transfrontaliera - la più tecnica e la più
costosa - necessita notoriamente del traforo di un tunnel di 52 km, in
due gallerie separate. " Gli italiani hanno capito che dovevano aiutarci
" - spiegava un responsabile francese, a margine del primo Forum
del dialogo franco-italiano organizzato a Torino il 29 e 30 aprile.
Aprendo questa manifestazione, Michel Barnier, ministro degli affari esteri
ed anziano amministratore nella prov. Rhone-Alpes, ha evocato "la
necessità di una spartizione equanime dell'onere finanziario".
La linea è prioritaria per l’attraversamento Est-Ovest dell'Italia.
Lo è meno per la Francia. "E' la maglia più importante
del Corridoio 5, questo asse che deve collegare alla fine Lisbona a Kiev,
via Trieste e Lubiana" ha ricordato Sergio Pininfarina, presidente
della Commissione intergovernativa creata nel 2001.
Secondo lui, una volta dedotte il contributo di Bruxelles (20 % del costo
della sezione transfrontaliera) e le partecipazioni dei capitali privati
(stimate al 30%) non resterebbero che 9 miliardi di euro da finanziare.
La discussione si sarebbe arenata su una somma uguale al 3% del costo
totale. "Non posso credere che un investimento di questa portata
possa fare paura ai nostri due grandi Paesi" ha dichiarato.
Parecchi partecipanti francesi a questi incontri hanno raffreddato il
suo ottimismo. "La chiave della ripartizione per la parte internazionale
è trovata, ma questo non risolve il totale del finanziamento"
ha obiettato Francis Mayer, direttore generale della Cassa dei depositi
e prestiti, ricordando che i due Paesi hanno un forte deficit di bilancio
e che dovranno arbitrare "contro altre spese, a volte altrettanto
strategiche"
La Francia non ha scelto fra suoi diversi progetti di infrastrutture,
ed il governo Berlusconi annuncia tutto un programma di grandi lavori.
Ha appena firmato, il 30 aprile, un accordo con l'Austria per il traforo
di un tunnel ferroviario di 56 Km sotto il Brennero - un cantiere di 4,5
miliardi di euro.
"MISURE COERCITIVE"
"Non credo al 30%
dei finanziamenti privati" ha rilanciato Louis Gallois. Per il presidente
della SNCF, "le banche hanno fatto delle previsioni di pagamento
che nessuna compagnia ferroviaria pagherà." Se il pagamento
del tunnel non è realistico, avverte: "Noi continueremo a
passare per il Moncenisio, la cui capacità è di 20 milioni
di tonnellate per anno, sia il doppio del carico che vi transita per il
momento." Attualmente, 40 milioni di tonnellate di merci attraversano
le Alpi ogni anno, 10 milioni sulla Ferrovia e 30 milioni su strada.
Sui 70 milioni di tonnellate stimati per il 2020, la linea ferroviaria
Lione-Torino dovrebbe assorbirne 40 milioni. "A condizione che il
rapporto modale si faccia bene, precisa Noel de Saint-Pulgent, uno dei
membri della Commissione Intergovernativa. Però il trasferimento
dalla strada alla ferrovia non si farà naturalmente, bisognerà
prendere delle misure coercitive contro i Tir."
Questo ispettore alle finanze, cofirmatario, all'inizio del 2003, di un
audit al governo che aveva catalogato il progetto Lione-Torino come "troppo
costoso, non prioritario" ha messo in guardia i suoi interlocutori
italiani contro la sindrome Eurotunnel: "I lavori sono costati due
volte più cari che il previsto ed il traffico è di due volte
inferiore."
Gli italiani persistono a credere all'inizio dei lavori nel 2006 per un
termine nel 2015.
Sergio Pininfarina avrebbe desiderato che un progetto di accordo finanziario
fosse siglato durante l'incontro fra i due primi ministri, mercoledì
a Parigi, Oppure, concede, "al più tardi per il summit franco-italiano
all'inizio di luglio".
Resterebbe alla società binazionale Lione-Torino Ferroviaria (LTF)
creata alla fine del 2003, di affrontare le numerose difficoltà
tecniche del cantiere. Anche l'opposizione feroce, e crescente, degli
ecologisti sul versante italiano.
Jean-Jacques Bozonnet
- Articolo apparso nell'edizione del 5.5.04
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